Quelques exemples de candidatures des collèges

Quelques exemples de candidatures des collèges

Candidature du collège Clémenceau – Lyon 7

Notre candidature prend la forme d’un livret d’hommage aux déportés, réalisé par les élèves dans les deux matières. Le travail historique et plastique d’élaboration du livret, bâti sur la notion de “disparition “, et toute la polysémie que ce mot implique, a été mené progressivement durant 6 heures de classe, prolongées par un travail personnel à la maison. Nous avons commencé par une initiation historique, imposant une rupture dans le déroulé chronologique du programme très bien intégrée par les élèves. En un cours dialogué fructueux et avec des supports visuels et écrits, l’idéologie nazie et sa concrétisation en Allemagne puis dans l’Europe occupée ont été abordées avant d’étudier plus spécifiquement la mise en place de la Solution finale. Les élèves ont montré lors de ces échanges un intérêt marqué et posé un grand nombre de questions pertinentes. Ils ont également visionné des extraits du documentaire Auschwitz, des mots pour le dire, et réfléchi aux raisons qui les poussent à vouloir s’y rendre et au devoir de mémoire qui incombe à eux comme à tous – réflexions préalables à la rédaction collective de leur lettre de motivation. Les témoignages dans les vidéos des déportés survivants ont permis d’aborder la notion de disparition de l’identité, même quand elle n’est pas suivie de disparition physique. Le travail historique a été doublé par la présentation aux élèves d’artistes ayant travaillé sur la « disparition », qu’ils aient ou non été touchés personnellement par la Shoah : Christian Boltanski, Claude Parmiggiani, Zoran Music, Alain Fleischer… En s’emparant des codes qui leur ont été montrés ou en imaginant des dispositifs inédits, tous les élèves de la classe ont réalisé une œuvre originale à partir d’une photographie de déporté, qu’elle ait été prise dans le camp ou non, en fonction de la destinée de chacun. Ces destins font l’objet d’une courte biographie intégrée dans le livret afin de leur rendre leur dignité et leur identité. Des citations d’élèves sont également notifiées pour montrer l’état d’esprit ou le message qu’ils ont souhaité diffuser en élaborant leur dispositif.

Nous avons été frappés par l’harmonie qui règne au sein des élèves et leur capacité à s’emparer de ce projet. Leur enthousiasme et leur maturité se sont concrétisés ici par un grand investissement de la part de toute la classe qui, d’un commun accord, a mené ce travail sans exclure aucun d’entre eux.

Si notre candidature est retenue, nous prévoyons d’ores et déjà de prolonger ce travail avec l’élaboration d’un second livret qui allierait des photographies à des croquis et des textes rédigés par les élèves afin de témoigner de l’expérience du voyage-mémoire, en nous appuyant sur le savoir-faire acquis lors de la création du premier. Ces deux livrets sont destinés à être diffusés au collège, par voie imprimée, mais aussi par voie numérique sur son site. Nous souhaitons également proposer une exposition de restitution du projet et du voyage, qui partirait de la notion de disparition des déportés telle que nous l’avons traitée, à la résurgence, à différentes échelles, de leurs figures oubliées, dans l’histoire comme dans la mémoire des élèves.

Toute la classe s’étant fortement investie dans cette candidature, nous espérons qu’un maximum d’élèves sera en mesure de faire l’expérience de ce voyage-mémoire, pour que tous puissent prolonger l’expérience collective qu’a constituée l’initiation historique à la Shoah et l’élaboration de notre livret d’hommage que vous pouvez consulter ci-dessous : 

Marion Chaigne-Legouy & Julien Minard

Professeurs au collège Clémenceau

 

Candidature du collège Jean-Philippe Rameau – Champagne au Monts-d’or

S’ENGAGER DANS LE TRAVAIL DE MEMOIRE ET COMPRENDRE LE DESIR DE MEMOIRE

 Le collège Jean Philippe Rameau répond à votre appel à candidature afin que des collégiens du Rhône vivent l’expérience d’un voyage-mémoire à Auschwitz – Birkenau. Pour avoir eu l’opportunité de participer à ce voyage par le passé, nous savons à quel point ce séjour offre aux jeunes la chance de rencontrer plusieurs déportés témoins survivants et de se confronter directement par les lieux et les objets mémoriels du musée d’Auschwitz à divers questionnements. Questionnements sur le devoir de mémoire, sur l’Histoire d’un génocide et sur sa propre responsabilité à faire relais pour participer à l’œuvre de transmission en participant activement à ce devoir de mémoire.

Le projet prend le prisme de la thématique du tatouage et s’intitule « Je ne suis pas un numéro ». Dès sa proposition, il a enthousiasmé la quasi-totalité de la classe de 3e4. Cette classe constitue un groupe cosmopolite par les origines sociales et culturelles. Pour ces élèves, participer au voyage mémoire est une opportunité de vivre une réelle ouverture à l’Autre, à la tolérance. Cette ouverture représente un axe important pour la culture de notre établissement situé à proximité du quartier de la Duchère (Lyon 9) et du quartier des Sources (Champagne au Mont d’Or).

En s’investissant dans ce projet visant la visite du haut lieu incarnant la criminalité nazie, ces jeunes s’engagent sous plusieurs formes : intellectuellement, émotionnellement et physiquement. En effet, nous choisissons de privilégier les témoignages pour les sensibiliser aux exactions prônées et commises par les nazis et pour leur permettre d’intégrer la dés- identification opérée. Aux témoignages autobiographiques littéraires s’ajoutent des œuvres artistiques, des documentaires audio-visuels ou des témoignages oraux de témoins oculaires. Le témoignage est au cœur de ce projet : par lui, la narration du vécu concentrationnaire, et la rencontre de deux sensibilités (celle du narrateur exposant son histoire et celle des jeunes réceptionnant cette histoire) ; par lui, la confrontation des jeunes aux faits historiques. Par les émotions que suscitent l’expression de l’expérience du vécu, la lecture et l’écoute de témoignages, les jeunes seront mobilisés et sensibilisés, de façon plus incarnée voire intense, à l’analyse et la réflexion menées en classe. Ils prépareront ainsi la visite du lieu de mémoire en conscience plus pleine.

Il s’agit en priorité de donner du sens au devoir de mémoire, de l’enrichir et de l’intégrer. Peut-être alors demain ces jeunes s’investiront-ils dans une association ou dans des actes favorisant la solidarité ou l’ouverture aux différences ?

Pour saisir les enjeux de notre projet intitulé « Je ne suis pas un numéro », nous joignons à cette lettre de candidature une copie de ses axes et objectifs. En voici brièvement les grandes lignes :

  • Au travers le prisme du marquage corporel, le tatouage nous interrogerons à la fois l’acte de tatouer de façon forcée, véritable acte de déshumanisation, de négation de l’Autre ainsi que l’analyse faite par Primo Levi, d’être un déporté tatoué. Les témoignages de Lale Sokolov (déporté tatoueur), de Primo Lévi (déporté tatoué), des déportés survivants, interrogent les formes de violence imposées par une idéologie totalitaire à des hommes, femmes et enfants qui soudain perdent leur droit à être considéré comme des êtres Ils questionnent l’exclusion, le désir de destruction de l’Autre, le désir de survivre et de se mémorer. Ces questionnements difficiles sont permis par la forte capacité des témoins à susciter l’empathie, l’identification envers un Autre qui expose son vécu dramatique voire traumatisant.
  • Le prisme du matricule tatoué nous permettra également de saisir les enjeux encore actuels de la transmission par l’acte de se faire volontairement tatouer aujourd’hui le matricule d’un déporté âgé ou décédé ou par l’acte de couper ce morceau de peau tatouée et de le léguer à un musée. Tous ces actes interrogent l’oubli, la mémoire « d’un passé qui ne passe pas », l’objet de la transmission même et les modalités variées de la transmission aux générations

Par ce projet, il s’agit d’expliquer pour faire comprendre et éveiller la citoyenneté chez nos jeunes. Cela passe par la connaissance des faits historiques qui est un élément de construction de la mémoire collective. Cela passe aussi par une restitution.

S’ENGAGER A ETRE TEMOIN DES TEMOINS

 Cette compréhension de la barbarie nazie, du vécu des témoins survivants ou décédés se retranscrira lors d’une double exposition qu’élaboreront les élèves. S’engager à restituer est un acte au service du devoir de mémoire.

Une exposition classique avec notamment des photographies du lieu sous maryse mais également des supports créés par les élèves eux-mêmes : dessins, peintures, slam. Ces documents et/ou œuvres seront dupliqués sur le support d’une tablette et deviendront des images interactives enrichies par des extraits de vidéo, des commentaires explicatifs …

Cette exposition sera également accessible par la création d’un Genially re-transposant une visite virtuelle de l’exposition. Ce Genially sera disponible dans le blog du collège et accessible à tous les élèves et parents ainsi qu’aux membres de la communauté éducative par l’envoi du lien à chacun.

Conscients de notre responsabilité envers ces générations qui constituent notre avenir, nous tenons à les sensibiliser, à les confronter à la conscience de la nécessaire mémoire d’actes plein d’une flagrante inhumanité et à les accompagner pour qu’ils puissent mieux se questionner, questionner les autres, comprendre et agir en s’impliquant pour par exemple restituer. Leur permettre d’accéder aux témoignages précieux des déportés survivants, et aux lieux qui gardent la trace de ces actes odieux, sont des opportunités qui servent notre ambition de les faire grandir.

Monsieur Leroux, Principal du Collège Rameau de Champagne Au Mont d’or Madame Louisa Hedjem, Professeur d’Histoire, pour l’équipe éducative

Un engagement des élèves

Nous nous engageons par nos dessins (vous pouvez
en voir certains dans la vidéo Genially1 ci-dessous), nos slams. Nous continuerons
à nous engager en étant les témoins de demain, en travaillant à
la restitution destinée à tous ceux et toutes celles qui ne
pourront pas partir pour qu’eux aussi comprennent. Notre projet
est de réaliser une double exposition : nous voulons doubler une
exposition de photographies et dessins classique à une exposition
numérique. Les mêmes photographies et dessins seront exposés sur
un support numérique et deviendront des images interactives. De
plus, un Genially présentant une visite virtuelle de l’exposition
« Je ne suis pas un numéro » sera aussi réalisé.

La classe de 3e4
Collège Rameau de
Champagne au Mont d’Or

Découvrez la présentation du projet complet du collège Rameau. 

Candidature du collège Chevreul-Sala – Lyon 2

Reprendre un projet, reconstruire et transmettre … Cette nouvelle rentrée scolaire
s’annonce sous des auspices plus créatifs, réalistes, possibles … C’est pour cette raison
que nous renouvelons le projet de la CLASSE DEVOIR DE MEMOIRE.
Pourquoi cette classe ? Tout simplement pour la diversité des profils des élèves : des
ULIS, aux bi-langues ou projets linguistiques poussés, nous avons vu en cette classe un
potentiel d’investissement certain et surtout la nécessité de CONCRET.
Le proposition faite en septembre a atteint son but : en AUTONOMIE, les fins de semaine
et les soirs, les élèves se sont répartis par groupe de 9 et ont réfléchi à leurs
motivations pour le projet. Ils ont ensuite mis en forme leurs raisons de façon artistique,
structurée et organisée. Deux groupes ont particulièrement retenu notre attention : le
groupe ayant effectué des recherches familiales et écrit et mis en voix des lettres (cf
QR Code ci-dessous) et celui qui a pris le temps de réaliser un jeu sur plateau afin
d’essayer de faire comprendre les rouages d’un système, prendre de la distance.
Nous savons aujourd’hui que nos jeunes sont prêts et nous ferons tout pour les aider à
PASSER LA MÉMOIRE.

Découvrez le dossier complet de candidature de Chevreul-Sala.

Candidature du collège Alain – St-Fons

A l’heure où les débats sont plus présents que jamais sur cette période de l’histoire, où l’antisémitisme côtoie le négationnisme et le révisionnisme nous, professeurs, pensons qu’il est nécessaire de réfléchir sur la question de la politique génocidaire et le système concentrationnaire nazi. C’est pourquoi nous avons décidé de nous engager dans cette réflexion, deux heures par semaine depuis fin septembre.

Les élèves de 3ème se sont engagés cette année à la fois dans le parcours citoyen mais également dans un projet d’histoire s’appuyant sur le projet initié l’année précédente intitulé « 39-45 » de la classe culturelle numérique. A raison de deux heures par semaine le mercredi après-midi, les élèves acquièrent peu à peu les méthodes du travail historique en appréhendant les différentes sources et documents mis à disposition pour l’étude de cette période.

La proposition de faire participer une partie des élèves à un voyage pour découvrir le camp d’Auschwitz nous parait pertinente afin que les élèves puissent appréhender et étudier sur place ce qui se passait une fois que les prisonniers du camp furent déportés et leur permettre ainsi d’étudier le système concentrationnaire dans sa globalité.

En tant qu’enseignants nos motivations se sont toujours fondées sur une incompréhension, une curiosité et surtout un sentiment d’injustice et de colère non seulement par rapport aux évènements passés mais surtout par rapport aux réactions présentes. L’indifférence, le désintérêt voire le déni de ces évènements par beaucoup de nos contemporains nous interpellent en tant que citoyens et en tant que professeurs d’histoire. Encore en ce début d’année les débats et les incompréhensions sont nombreux en lien avec un contexte marqué par les procès des attentats qui ont libéré une parole trop spontanée et trop peu nuancée par manque d’information et de sensibilisation.

L’Histoire est passée et pourtant elle est toujours en évolution. Elle n’est pas révisionniste mais sans cesse réactualisée par l’analyse, la comparaison et la confrontation des sources dans un esprit critique avec pour objectif d’étudier et de présenter des faits historiques, la vérité historique.

Dans un futur proche, les témoins de cette période disparaitront et le risque c’est qu’avec eux la mémoire, LES mémoires de ces évènements disparaitront également. L’enjeu est alors de concilier le devoir de mémoire avec le devoir d’Histoire. Ne pas avoir vécu les évènements ne veut pas dire qu’ils n’ont pas existé. Insister sur l’existence de ces événements ne doit pas signifier leur instrumentalisation. Tout ce travail amène nos élèves à avoir une réflexion historique et citoyenne. Quant à nous, professeurs, cela nous permet sans cesse de réactualiser nos connaissances sur cette période tout en partageant des moments forts et complices avec nos élèves où au final la conclusion est unanime : « Plus jamais ça ».

Mme NGUYEN professeure d’histoire géographie

Découvrez le dossier complet de candidature du collège Alain

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