Genèse du projet :

Le Collège Jean de Verrazane est marqué par le cosmopolitisme de sa population, qui est, en soi, une richesse. Il accueille des élèves de 27 nationalités différentes, dont des élèves migrants nouvellement arrivés en France. A ce titre, la prise en compte de la diversité culturelle est une nécessité pour le bien-vivre ensemble et pour l’épanouissement personnel des enfants. Depuis une dizaine d’années, des projets culturels, artistiques, civiques et historiques qui ont pris différentes formes (projets classe, EPI, voyages scolaires, partenariats avec des associations…) ont été entrepris avec le souhait d’éduquer, de mieux connaître et se connaître, de s’ouvrir à l’autre et au monde extérieur.

Ce projet est né d’une invitation, celle de la mairie du 9^ème arrondissement, à assister à une conférence/ rencontre avec Mme LEVRAT (jurée au procès BARBIE) dans le cadre de la semaine bleue (semaine des personnes âgées). A l’origine, une poignée d’élèves de la classe devaient intervenir dans le cadre d’un intermède musical le mercredi 4 octobre à 14h00. Cette invitation a fait écho à une réflexion quant à notre capacité à mener un projet classe autour de la mémoire. La difficulté était aussi de fédérer une classe hétérogène culturellement et scolairement. Après discussion en vie de classe, les élèves ont décidé collectivement de leur implication dans un projet histoire et mémoire. 16 sur 22 étaient donc présents un mercredi après-midi ensoleillé à la mairie du 9^ème arrondissement pour échanger avec Mme LEVRAT et les retraités du 9ème arrondissement.

Le projet s’est peu à peu dessiné autour des notions de l’identité, de la mémoire et de la construction de soi. Par l’analyse et le recul qu’il nécessitait, ce travail de mémoire pouvait ainsi représenter le lien entre une identité en construction et un devoir de mémoire. Aussi avons-nous tenté de comprendre comment ce rejet de l’autre pouvait faire l’objet de résistances et comment la connaissance de ces faits historiques est un élément de construction de la mémoire collective ?

Les temps forts du projet :

Un ensemble de séquences en cours de français et d’histoire ont eu pour but d’acquérir  les connaissances nécessaires (lieux, personnages, œuvres, chronologie, styles littéraires etc…) en essayant de les mettre en relation pour permettre la meilleure imprégnation possible des temps forts du projet.

1^ère partie : « Du rejet de l’autre à la construction d’un nouvel individu »

– Le travail sur le rôle de la propagande en particulier nazie a permis de comprendre comment elle était un instrument du rejet de l’autre mais aussi le moyen totalitaire pour modéliser un « homme nouveau » en lui faisant perdre son identité. C’est dans cet esprit qu’une grande partie des élèves de la classe ont participé (le mardi 14 novembre 2017) à une séance organisée par l’Institut Lumière « Seconde guerre mondiale et cinéma ». Comment le 7ème art a servi les intérêts des belligérants, de la propagande aux réalités historiques ? Cette analyse a été complétée par un zoom sur les jeunesses hitlériennes conditionnées à une idéologie par la manipulation dont elles étaient l’objet.

– En parallèle, le travail sur le journal d’Anne Frank en Français préparait un 2^ème moment fort : la visite de l’exposition “Anne Frank, une histoire d’aujourd’hui” le vendredi 15 décembre 2017. Présentée par la Maison d’Anne Frank à Amsterdam, cette exposition pédagogique présente le parcours de la jeune fille et son quotidien pendant la guerre.

 

2^ème partie : Les camps de mise à mort : la négation de l’autre

Les travaux d’Histoire et de Français sur la 2^ème guerre mondiale ont eu pour but de préparer les deux événements importants suivants :

–  Le témoignage de Monsieur Claude BLOCH auprès des élèves du collège Jean de Verrazane, le lundi 22 janvier 2018. Ce témoignage a fait l’objet d’une introduction musicale par l’interprétation du « chant des marais » par tous les élèves de 3^ème et la classe de 5^e4 (parcours musical d’excellence) sous la direction de M. BESSON (professeur de musique). Ce témoignage a été suivi d’une interview de Monsieur BLOCH par les élèves de la classe de 3e2 sur les thèmes d’identité, engagement personnel, devoir d’une mémoire collective. Les élèves qui avaient préparé et organisé leurs questions lors d’une séance spécifique consacré à l’interview journalistique ont pu bénéficier de l’appui technique de M. RIETMANN (professeur de technologie) et d’Alexis GOLONKA (AED et animateur radio) pour l’image et la prise de son.

 vidéo interview de M. BLOCH  :

 

– La participation à la représentation scolaire théâtrale de la pièce « Ces mots pour sépulture » mise en scène par Charlotte Jarrix et adaptée de l’ouvrage de Monsieur Benjamin Orenstein, rescapé d’Auschwitz. (espace Hillel, le mardi 30 janvier 2018).

 

3^ème partie : Résister pour exister en temps d’occupation

Les travaux entrepris en Histoire sur le régime de Vichy, la collaboration, la vie sous l’occupation et les témoignages de résistants n’ont malheureusement pas pu déboucher sur la visite du Mémorial de Caluire-Jean Moulin (maison du Docteur Dugoujon) comme prévu. Nous avons préféré focaliser sur l’analyse de témoignages à l’image de l’étude de Primo LEVY ou Simone Veil afin de préparer :

– L’oral de sélection des élèves pour le voyage-mémoire à Auschwitz coordonné par la Métropole. Lors d’un oral de 5mn, les élèves avaient à faire part de leurs connaissances et de leurs motivations à se rendre à Auschwitz-Birkenau devant un jury composé du chef d’établissement et de professeurs d’histoire, documentation et non spécialistes (EPS). 9 d’entre eux ont été sélectionnés.

– La sélection du texte à lire lors de la cérémonie commémorative. Deux textes : celui de Simone VEIL extrait d’Une Vie et la Chanson de Jean FERRAT « Nuit et Brouillard » ont été présélectionnés. Celui de Simone VEIL a été privilégié pour lecture.

4^ème partie : Identité et devoir de mémoire

Cette dernière partie s’est organisée autour de moments importants mis en lien avec la mémoire :

– La visite au CHRD, organisée autour du procès Barbie, avec le visionnage des moments et des témoignages les plus marquants qui ont débouché sur un travail interactif autour du procès.

– Le voyage-mémoire à Auschwitz-Birkenau (2 jours). Après une mise en contexte avec la visite guidée du centre de Cracovie marquée par la présence culturelle et historique de la population juive, la visite du camp de concentration puis de mise à mort et les commentaires des témoins ont été un moment fort du projet.