Voici l’hommage de Clarisse lu à l’occasion de la cérémonie de clôture sur le site de Birkenau.
Collège Le Bassenon – Condrieu « Surtout n’oublions pas ! »
Mon existence a pris fin un jour d’hiver 44 alors que j’avais à peine 15 ans.
Je m’appelais Jacob, Sarah, Jeanne ou peut-être même Benjamin. J’avais une famille, des amis, des voisins. J’étais comme chacun d’entre vous ou peut-être pas finalement.
Un matin, je fus réveillé par des portes qui claquent, des pas lourds dans les escaliers, les cris de ma mère, les pleurs de ma sœur et mon père tentant de les rassurer. Je fus tiré violemment du lit, eus à peine le temps de prendre un sac qu’on nous emmena.
Après plusieurs jours passés, entassés comme des animaux, dans des wagons, la souffrance et la mort m’entouraient. Je suffoque, j’ai faim, j’ai soif, j’ai froid et la peur m’envahit.
Enfin nous arrivâmes, nous fûmes séparés, on m’arracha à mes parents, je ne les reverrai plus. Ma mère se retourna, essayant de me sourire, me jeta ce regard plein d’amour qui fut le dernier. Ma famille n’existe plus, seules subsistent l’ignorance, l’angoisse et la souffrance.
On nous dépouilla, nous rasa et nous fit enfiler des uniformes. Nous étions désormais tous pareil. Mon identité avait disparu et je n’étais plus qu’un matricule. Bienvenue à Auschwitz-Birkenau, le plus grand centre de mise à mort.
Les kapos nous ordonnèrent de nous ranger puis nous partîmes pour les camps de travail.
La besogne était rude et les pauses se faisaient rares. L’acharnement finit de m’achever. Je tombais malade, je devins inutile alors on me fit disparaître et mon âme s’évapora parmi tant d’autres dans les fumées des cheminées du camp d’Auschwitz.
Aujourd’hui, nous, élèves du collège Le Bassenon, nous sommes là, vivants, réunis, avec nos rêves. Pour tous ceux dont les rêves se sont éteints ici, portons les nôtres en leur hommage.
Surtout n’oublions pas !
Lettre hommage rédigée par mademoiselle Clarisse Vincent, élève au collège Le Bassenon, de Condrieu.